Crazy Sunday

Comme vous l'avez certainement remarqué j'ai un peu délaissé mon blog ces derniers temps, il faut dire que j'ai très peu joué online ce mois-ci (beaucoup de choses à faire en dehors du pok) et je n'avais donc pas grand chose à raconter.

Je précise avant de commencer ce récit que je n'arrive plus à afficher les petites icônes des cartes (si quelqu'un a une idée ?), vous devrez vous contenter pour une fois des lettres. Ex. : Jc9h= valet de trèfles (Clubs) et 9 de coeur (Heart).

En live je restais sur 3 contre-performances : -5, 0 et -10€. Rien de bien grave pour de la NL10 me direz-vous mais ça faisait très longtemps que je n'avais pas enchaîné plus de deux sessions sans être gagnant. Une seule explication : je joue mal. J'ai remarqué que j'avais peut-être tendance à me reposer sur mes lauriers ces derniers temps, trop confiant sur mon edge post-flop et je me suis mis à jouer loose-passif , ce qui évidemment coûte une tonne si vous ne touchez pas vos flops. Rajoutez à cela une tendance à spew quand je monte un gros stack (à coup de bluffs moisis) et vous aurez compris pourquoi je ne gagne plus (oui je sais c'est du très court terme mais ça fait quand même chier d'avoir l'impression de jouer comme une buse en ce moment !).

Bien décidé à remédier à tout cela, je me rend plein de motivation dimanche dernier chez mon pote Luc pour notre petite partie hebdomadaire. Je ne me doutais pas encore que cette soirée allait être mémorable...

Au programme des festivités ce soir : cash-game NL10 en mode full ring (9 joueurs) et un niveau très hétérogène : nits, calling stations, gamblers, LAG... Je me dis d'entrée que ça ne va pas être de tout repos de naviguer dans ces eaux poissonneuses, mais comme je l'ai dis à ma chérie avant de partir, si ça se passe bien c'est le genre de soirée où l'on peut repartir les poches pleines...

20h30, début de la session... Je rentre bien dans la partie (7 joueurs au départ) et je double quasiment mon stack de départ au bout de 40 mn de jeu (on commence avec 5€, soit 50 bb) puis j'en reperd les 3/4 sur un bluff contre Luc (en plein rush ces derniers temps) qui a raison de ne pas lâcher pas sa top paire. Je perdrais le peu qui me reste sur un coin-flip.

Je recave 10 et je vais rapidement les perdre, notamment dans des gros pots où je suis le relanceur initial et où systématiquement mes c-bet se font relancer par Pierre, un assez bon joueur, adepte du jeu small ball préflop. Un peu énérvé je vais même finir par m'auto-level contre lui et encore perdre une tonne .

C'est déja l'heure de la deuxième recave à 10€. J'arrive patiemment à faire progresser mon tapis et c'est là que vont commencer les horreurs. D'abord je perd un 80-20 contre un short puis je joue aggressivement ma top paire top kicker au flop contre THE calling station de la table et, après avoir tank un moment, elle décide de payer mon tapis de 10€ et quelques (les 3/4 du sien) avec un tirage quinte ventrale ! J'hallucine un bon coup en voyant son jeu et je me dis à voix haute que cette fois-ci c'est pas possible que ce coup m'échappe. Elle joue un pot de 300 blindes pour 4 cartes (les sept). River : 7

Ok... bon il est à nouveau l'heure de recaver, mais cette fois-ci c'est 200 blindes directement soit 20€ (vu la hauteur des tapis en face...). A ce moment-là je me dis quand même que 45€ de recaves ça commence à faire bien chier, c'est peut-être pas ma soirée, on va songer à arrêter les frais si je perd encore ces 20€.

Entre temps deux nouveaux joueurs (Nico et Jéremy alias Psycho) nous rejoignent et ne se cavent "que" à 10€ (les connaissant, 100 bb c'est short stack pour eux ). Comme prévu, à partir du moment où ces deux flambeurs ont débarqué, la dynamique de la table a été complétement bouleversé. Relance minimale préflop : 1€ (10X la grosse blinde quand même !) et une fois sur deux un pot de plus de 15€ est constitué. Ce qui en fait est plutôt une bonne nouvelle pour ceux qui sauront tirer leur épingle du jeu... (moi s'il vous plaît ! )

Je viens donc de recaver 20€ et j'ouvre les As au bouton . Je relance cher et suis payé uniquement (hasard ?) par Nico et Psycho.
Flop : Js4s7d. Check, check, je mise 3/4 du pot et Nico me check-raise. Je sais qu'il peut faire ça avec un éventail très très large, incluant des tirages de l'espace, et vu ce qu'il a investit (la moitié de son stack) il ne lâchera jamais ici. Après le fold de Psycho je shove donc et il me call avec Ks2s et touche direct son pique à la turn...

C'est la troisième fois de suite ce soir que je perds un énorme pot en étant devant au moment où les tapis ont volés . J'en suis à 45€ de recaves (mon record !) et il me reste environ 7€ devant moi...Chose rare pour moi en live, je commence vraiment à tilter intérieurement et je me vois déjà écrire un prochain article whine sur ce blog.
Finalement, je fais un effort surhumain (si si) pour me ressaisir et essayer de remonter un minimum la pente, en adoptant désormais une stratégie simple : jouer solide, voire tight. De toutes façons les pots sont désormais gigantesques à chaque tour et j'arriverais bien à rentabiliser mes quelques mains.

On entame alors la cinquième heure de jeu... Par miracle je parviens à grapiller quelques jetons et c'est alors que je vais trouver le moyen de faire une livraison de plus à Luc (c'est pourtant lui qui est facteur dans la vie ) qui ne les compte plus ce soir, et est méga chipleader.
Je call une relance en position avec 3c4c et le flop m'apporte gutshot+flush draw. Je vais payer ses mises à chaque street et vu que je n'ai rien touché je vais tenter de sauver le coup sur la river qui amène un quatrième pique (si vous avez bien suivi ma main je sais il y a un bug, attendez...).
Après son check je décide donc de miser le pot pour représenter l'as de pique et, après une petite hésitation, il juge que sa top paire est finalement suffisante et il empoche ce gros pot (plus de 20€). Je lui demande si la flush ne lui a pas fait peur et il me répond qu'après tout il n'y avait que 3 piques (?) et qu'en plus c'était backdoor donc non il ne me voyait vraiment pas là-dessus...Put*** !!!...J'ai complétement buggé, évidemment qu'il n'y avait pas 4 piques vu que le flop m'avait apporté 2 trèfles pour mon tirage... Tu m'étonnes que mon vieux bluff n'est pas passé...Si en plus de me prendre des bad beats à la pelle je me mets à faire n'importe quoi ça va vraiment pas le faire.

Sur ce, et en réprimant une terrible envie de me mettre des claques, je décide d'arrêter la binouze et le pastis et de me mettre au Schweppes goût agrumes (véridique !).
Mon tapis a donc chuté encore une fois (soirée de m**** décidement ), il me reste genre 15€, heureusement encore de quoi un peu manoeuvrer. Il est alors 2h du matin et c'est vrai que les idées ne sont plus très claires, mais point positif : chez les autres joueurs non plus. Ce n'est pas pour rien si en général les plus gros pots se déroulent en fin de soirée. Ma mission : rester plus lucide que les autres (d'où le Schweppes ) et profiter des erreurs adverses.

Mode grind enclenché, entre temps quelques joueurs nous ont quitté et on se retrouve (enfin) en short-handed et le miracle se produit vers 3h30 du matin (7h de jeu déjà !) : je suis remonté à ma cave de départ ! J'ai 50€ devant moi dont 45€ de recaves. Et là, la machine va enfin s'enclencher. Je prends d'abord un gros pot contre Pierre (celui-là même qui m'avait fait des misères en début de partie), avec 8-10, sur un flop A79 rainbow, qui fait quinte à la turn.

Puis LE gros coup qui va me faire véritablement décoller : je call en position J9o une relance de Luc, c'est payé également par Nico et Psycho.
Je précise que quelques temps avant ce coup Nico a recavé 50€ (!), il lui reste à ce moment-là environ 40€. Psycho a également recavé et dispose d'un sympathique tapis de plus de 20€ devant lui.
Flop : J39 rainbow. Nico donk pot, payé par Psycho et Luc s'éclipse. Je vient de toucher deux paires max et, contre ces deux loustics, pas question de slowplay vu la tonne de value à prendre quand ils n'arrivent pas à lâcher leurs mains. En plus le donk bet pot de Nico m'annonce clairement qu'il a du jeu. Je décide donc de shove dans le but d'être payé par moins bien.
Les deux me paient et je prie pour ne pas voir un brelan en face. Nico : J10 pour top paire no kicker (!), Psycho : K3 pour troisième paire (!!). Pour une fois le meilleur jeu tient et je déstacke mes deux adversaires grâce à ce coup...
C'est en empilant les jetons que je commence à me rendre compte que j'ai un tapis monstrueux. Au lieu de mes piles habituelles de 10 jetons, j'ai de nombreuses piles de 20 et pour une fois ce ne sont pas des piles de petite monnaie (du genre les jetons servant uniquement pour les blindes).

Après ce coup on se retrouve à 3 joueurs et Nico nous quitte pour aller retirer l'argent qu'il doit à la caisse. Alors qu'on entame la 8ème heure de jeu consécutive , à son retour Nico décide finalement de recaver une dernière fois 20€, grand bien lui en a pris....
Il commence par prendre un gros pot à Luc puis, alors que je raise AKo au bouton, il me revient par-dessus à tapis pour près de 30€ ! Décision à la fois difficile et pas : si je perds 30€ sur une seule main alors qu'il reste 10 minutes à jouer c'est toujours énervant, et en même temps il est en semi-tilt et je pense être au pire sur un coin flip. En plus, même en perdant ce coup, je serais encore largement positif, ce qui est exceptionnel vu le déroulement de la soirée. Je décide donc de caller et c'est effectivement un flip puisqu'il retourne 66. Je gagne la confrontation et finalement la partie se termine sur ce dernier coup.

C'est complétement irréel, il est 5h30 du matin, il fait jour, dehors les oiseaux chantent et j'ai une véritable montagne de jetons devant moi alors que j'étais au fond du trou comme jamais il y a quelques heures ! Contrairement à d'habitude (j'aime bien savoir où j'en suis), cela faisait une heure que je n'avais pas compté mon stack et à l'heure de passer à la caisse j'avoue que la surprise fût délicieuse : 20, 50...100...165€ de tapis ! Et bien, on peut dire que la dernière recave de 20€ a été utile... Ce qui nous donne, une fois les 45€ de recaves enlevés, un bénéfice net de 120 Euros...

Du coup j'ai maintenant atteint les 4 chiffres sur ma bankroll live (comptabilisée depuis septembre 2010), j'ai battu le record de nos soirées poker, détenu jusque-là par Luc avec un très beau +101€ (on le pensait tous inatteignable, surtout en ne jouant que en NL10) et évidemment battu le mien qui était de 75€ (à lire ici). Autre record improbable pulvérisé, la durée de la session : plus de 9h de jeu non stop ! (20h30-5h30). De vrais accrocs je vous dis...

Moralité de la soirée : être patient, ne jamais désespérer et être prêt à recaver ce qu'il faut si la partie est EV+ (profil et nombre de joueurs, temps pour se refaire, etc.).

Bravo à ceux qui ont tout lu et à bientôt !